Le cinq juin est dédié à l’échelle mondiale à la journée mondiale de l’environnement. En Haïti, des plantules et des semences sont données aux cultivateurs un peu partout sur le territoire national, des associations se regroupent dans les montagnes avec des enfants, des jeunes dans le souci de les inciter à prendre part au reboisement du pays. Toutefois, peut-on parler d’économie verte dans le cas d’Haïti ? Existe-il des politiques et des stratégies visant à promouvoir le développement durable en Haïti ?
Lors du sommet G20 à Séoul en 2010 “Croissance Verte,Développement Durable”, il a été rapporté que la promotion de l’efficacité énergétique et des technologies propres sont des buts complémentaires. En ce sens, l’un ne peut être mené pendant que l’autre est écarté.
L’économie verte propose de prendre en compte les contraintes telles que: les changements climatiques, la destruction de la biodiversité, la dégradation des écosystèmes, comme des leviers permettant le développement de l’emploi, de réduire les inégalités ou encore favoriser le développement humain. En effet, elle vise à améliorer le bien-être et l’équité sociale en réduisant les risques environnementaux et le manque de ressources. Elle comporte deux branches d’activités: La première regroupant les activités qui sont réalisés par des moyens peu polluants ou consommant très peu d’énergie tandis que la seconde regroupe celles visant la protection de l’environnement ou encore la gestion des ressources naturelles. Les principaux objectifs de l’économie verte sont de changer les modes de production et de consommation, ainsi que nos systèmes de valeur.
Quelles sont donc les actions posées par l’État haitien dans l’objectif de promouvoir l’économie verte dans le pays ?
Economie verte en Haïti
Parler de l’économie verte en Haïti revient à penser aux différents problèmes comme le changement climatique, et aussi à poser des actions pour la biodiversité et l’atteinte des objectifs du développement durable en Haïti. Les autorités ont certes constaté les menaces auxquelles sont confrontés notre environnement, mais par faute de négligence en rapport aux suivis nécessaires, ils n’ont pas pu atteindre les objectifs attendus.
Lors de la dernière conférence des Nations Unies sur le développement durable ( Rio 2020) organisée au Brésil, on a fini par réaliser qu’il est temps de redéfinir les modèles de développement en vigueur, car les différents pays du monde font face à de graves crises multidimensionnelles. Ces crises devraient faire appel à l’urgence de la mise en œuvre des modèles de développement durable, ce qui sous-entend des projets nationaux visant à réhausser la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection de l’environnement. La conférence (Rio 2020), a mis l’emphase sur l’éradication de la pauvreté et le renforcement du flux financier et technique afin de s’engager dans la perspective de développement durable. Ces engagements nécessitent des ressources publiques et privées, ainsi que des politiques drastiques. En se basant sur l’objectif de Rio 2020, on pourrait constater qu’Haïti se trouve dos au mur par ses prises de décisions en matière de politique de développement durable, plus spécifiquement par la lutte pour la protection de l’environnement, la promotion de l’économie verte, pour ne dire qu’il n’existe guère de politique de développement durable en Haïti.
En mars 2013, à la 128ème assemblée de l’Union- inter- Parlementaire ( UiP),organisée à Quito ( Équateur), le président du Sénat de la République de l’époque, Dieuseul Simon Desras, a plaidé en faveur d’une élaboration d’un véritable plan stratégique sur une période donnée afin de mettre le pays sur une piste de croissance et d’éviter que le pays ne soit frappé par des dégâts écologiques. Le chantier du développement du pays devrait passer d’abord par une croissance verte et solidaire conditionnée dans le strict respect de l’environnement disait-il. Il a aussi insisté sur la correction des défaillances des politiques et des instruments qui conduisent à la surexploitation des ressources naturelles. En revanche, les pratiques publiques tendent à privilégier une économie ultra néolibérale au détriment de la perspective du développement durable.
En Décembre 2020 , le défunt président Jovenel Moïse, avait exhorté les bailleurs de fonds et les ONG finançant les activités agricoles que les projets devraient être une émanation de l’État Haïtien. Dans le cas contraire, l’aide ne sera pas acceptée disait-il. Le ministre de l’environnement Abner Septembre, faisant croire que l’économie verte est un vecteur de création de richesse a fait savoir que le bois est une entreprise rentable car un million d’arbres peuvent générer plus de 77 millions de dollars l’an à l’économie haïtienne, a t-il déclaré. Par ailleurs, plus d’ un million d’arbres ont été déjà mis en terre via les centres de germoplasme, si l’on croyait Mr. Jovenel. Selon lui, il faut continuer à renforcer les campagnes de reboisement.
Où en sommes-nous?
Par conséquent, si l’on pourrait faire une interprétation, on pourrait dire qu’ il faut reformuler les politiques publiques et la mise en place des mesures drastiques pouvant favoriser la protection de l’environnement, une création des aires protégées, mettre un terme à la coupe vertigineuse des arbres, et intégrer des politiques d’embauche pour ceux qui vivent du charbon de bois. En effet, l’utilisation d’autres formes d’énergie combustible pouvant remplacer le charbon. Ces mesures pourraient avoir des conséquences positives sur le pays.
Plus de 90% des haïtiens sont exposés aux catastrophes naturels , avec une couverture forestière de 1,4% contre 30 % en République dominicaine. Haïti est le pays le plus vulnérable de la région. Nous avons donc échoué là où nos voisins ont fait du succès. Depuis la montée du dictateur dominicain Joaquim Balaguer, la République Dominicaine a pris des mesures de politique agressive de protection de l’environnement, cependant ses homologues de l’autre côté de la frontière n’ont rien fait de semblable. Grâce à ces mesures, la République Dominicaine dénombre aujourd’hui près de 74 réserves naturelles et sa couverture forestière de 30% forme des énormes attraits touristiques, avec des retombées agricoles importantes,le véritable développement durable.
En Haïti, il est difficile de constater les résultats des différentes instances comme les ONG, encore moins l’État. L’environnement se détériore de plus en plus par l’insalubrité, le déboisement et surtout par le manque de réserve forestière. De plus, la politique du Président Jovenel Moïse, avec la mise en place des centres germoplasmes aurait pu apporter de très bons résultats s’il y avait eu des suivis. En ce sens, lutter contre le reboisement nécessite non seulement des politiques effectives mais aussi des actions individuelles à travers des actions citoyennes notamment en évitant d’abattre les arbres et en participant au reboisement. Favoriser le développement de l’économie verte en Haïti, nécessite des politiques durables de l’État mais aussi de l’engagement de tous les citoyens.
Un texte de
- Esther Bazile
- Johnika Decome