Bilan économique de l’année 2022 pour Haiti

Bilan economique 2022 pour ECO_DETAY

Comme prévu par le Fonds Monétaire International (FMI), l’année 2022 a été très difficile sur le plan économique au niveau global. Les prévisions ont été modifiées plusieurs fois au cours de l’année. La dernière en date, octobre 2022, a montré que l’économie mondiale devrait connaître une contraction de 3,2%. La raison de ce recul de croissance a été justifié par le niveau d’inflation jamais vu depuis plusieurs décennies, la crise du coût de la vie, le dénouement des conditions financières dans la plupart des régions, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les effets encore persistants de la pandémie de Covid-19.  En fait, si l’économie mondiale a connu une telle contraction, il faut noter que cette moyenne ne traduit pas la réalité de tous les pays, car certains pays ont connu une performance économique très soutenue. C’est le cas de la Guyana qui a connu une croissance de 57,8% en 2022, Irak (9,3%), Irlande (9,0%), Koweït (8,7%) etc.  Dans notre région, les experts avaient prédit que la croissance du pays serait porté à 3,5% en 2022 contre 1,7 en 2023. Mais la réalité d’Haiti est tout autre. Depuis 4 ans, l’économie du pays s’engouffre plus profond dans l’abîme, et les alternatives concrètes permettant de la faire sortir peinent à voir le jour. Les données fournies par l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) illustrent parfaitement la situation. Dans les paragraphes suivants, ECO-DETAY vous présente un bilan de la situation.

Le PIB en 2022

Pour la quatrième fois, de façon consécutive,  l’économie Haïtienne a connu une croissance négative à prix constants. Soit -1,7%, -3,3%, -1,8% respectivement en 2019, 2020, et 2021. En 2022, les prévisions ont estimé qu’on aurait une baisse de croissance de -0,4%, mais les facteurs conjoncturels non pris en comptes se sont ajoutés pour porter le produit intérieur brut à un niveau de croissance négative de -1,7%. Ce sont, par ailleurs, les crises de carburant répétées à plusieurs reprises (les unes plus aiguës que les autres), la détérioration du climat sécuritaire du pays qui se traduisent par la prolifération et l’atrocité des gangs sans précédent dans le pays et l’instabilité politique chronique.  En moyenne sur les quatre (4) années fiscales l’économie s’est contracté de -2,1%.

Les secteurs d’activités en 2022

Selon la répartition en secteurs d’activités du PIB, on a pu constater que le secteur tertiaire représente 57% du PIB, tandis que le secteur primaire et le secteur secondaire représentent respectivement 18% et 25% de la totalité des richesses créées pour l’année 2022. En termes chiffrés, le secteur primaire a comptabilisé 101,277 millions de gourdes en 2022 contre 106,066 millions de gourdes en 2021, ce qui pourrait être traduit par une baisse de 4,5%. C’est le secteur le plus touché par la crise. Au cours de l’année, le secteur secondaire et le secteur tertiaire ont comptabilisé respectivement 142,442 millions de gourdes et 325,720 millions de gourdes. Comparativement à 2021, le secteur secondaire a connu une contraction -0,2% tandis le secteur le plus important a connu une diminution de sa valeur ajoutée de -1,6%. Ce qui fait en moyenne que la valeur ajoutée Brute totale pour l’exercice 2022 a connu une régression de -1,8%.

L’offre globale et la demande globale

S’agissant de l’offre et de la demande globale, il faut souligner l’unique agrégat qui a connu une croissance positive est la consommation finale des administrations publiques (+17,6%).  La Consommation finale des ménages, celle des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLM), la formation brute des capitaux fixes, ont respectivement connu des variations à la baisse de 1% et de 10%.

En monnaie courantes, l’offre globale a été augmentée de 0,2%, c’est en raison de la hausse des importations de 4,9%.  Les importations sont passés de 509,604 milliards de gourdes à 635,090 milliards de gourdes en 2022 en termes constants. Les statistiques de l’IHSI prouvent que ce sont surtout les articles manufacturés et les combustibles qui ont respectivement connu une hausse de 20% et de 11%. Ces deux produits suffisent à eux seuls pour maintenir le montant des importations positives. 

En ce qui concerne la demande globale, ce sont surtout la consommation finale des administrations publiques et les exportations qui ont accrû, tout en observant une décroissance des autres composantes. Par exemple, pour l’année 2022, la consommation finale des ménages a chuté de 1% avec une réalisation de 648,8 milliards en termes réels contre 653,4 milliards en 2021. Cela se justifie par le recul des envois des Fonds de la Diaspora, qui sont passés de 4,0 milliards de dollars US en 2022 contre 3,7 milliards de dollars US en 2021, soit une baisse de 6,6%.

La Consommation des institutions sans but Lucratif aux services des ménages, les investissements ont varié à la baisse, respectivement de 1% et de 10%.   Ces chutes enregistrées dans ces deux composantes de la demande globale sont dû à la délocalisation des organismes non-gouvernementaux en raisons de l’insécurité.  Quant aux investissements, c’est la chute en valeur courante des investissements publics de 38,7% en 2022.

Les exportations ont accrû de 2,4%, se chiffrant ainsi à 44,8 milliards de gourdes contre 43,8 milliards en 2021. Il est important de signaler que cette hausse de 2,4% de croissance sont très loin des 23,5% des croissances enregistrée en 2021. Quoiqu’il en soit, ces chiffres sont pour la plupart expliqués comme les produits manufacturés  (+11,7%), le café (+25,9%) les anguilles (+29,4%) et la petite industrie (27,6%).

Perspectives

Il est très difficile de dégager les perspectives adéquates. Déjà, le premier trimestre de l’année 2023 annonce un portrait sombre  de l’économie ( le niveau élevé de l’insécurité, la crise de carburant et la crise socio-politique maintenue à son paroxysme). Il est certes trop tôt pour justifier une cinquième année consécutive de croissance négative. Pour éviter cela, certains critères cruciaux devraient être respectés:

(i)Le rétablissement d’un climat propice aux affaires ;

(ii) Le retour à la libre circulation des personnes et des marchandises ;

(iii) La fin de la crise du carburant ;

(iv) La solution au fléau de l’insécurité ;

(v) La solution à la crise socio-politique, donc aux problèmes liés à l’instabilité.

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