L’économie de la connaissance et crise actuelle, échange du professeur Frédéric Gérald Chery avec les étudiants.

L’équipe d’ECO-DETAY a accueilli le professeur Fréderic Gérald Chéry le samedi 4 mai 2024 pour une intervention autour de la thématique :l’économie  de la connaissance face à la crise politique haïtienne actuelle. Cette activité a été réalisé dans le cadre du Webinaire de l’association intitulée Eco-Echange.

L’intervention du professeur concerne  principalement  la crise politique que le pays a connue dès le lendemain de l’indépendance.  « En Haïti la crise est avant tout une crise de connaissances avant d’être politique », souligne le professeur. En raison de la mauvaise qualité de la formation disponible et du taux de diplomation très faible, le transfert des connaissances intergénérationnelles a été mal assuré. Qui pis est, nos dirigeants et nos élites ont été aussi victimes de cette dégradation continue de la qualité de la formation en Haïti . « Seule la recherche scientifique peut améliorer le rendement et le transfert des connaissances », indique l’économiste-statisticien. 

L’économie de la connaissance, qui est une branche nouvelle en économie qui postule que la création, la distribution et l’utilisation de la connaissance sont des facteurs essentiels de la croissance économique. Celle-ci n’est pas d’application en Haïti. « Il y a la connaissance perspective, le savoir-faire et la connaissance sur la coordination », fait remarquer l’économiste Chéry.  Ces connaissances sont fondamentales dans la définition de stratégies voulant à sortir le pays de ce cercle infernal. Avec les connaissances perspectives, on cherche à savoir les goûts et les tendances. Le savoir-faire exige qu’il y ait des savants pour produire de la connaissance alors que la connaissance sur la coordination permet de savoir comment réagir, coopérer. Ce dernier type de connaissances n’est pas développé en Haïti.

Suite à cela, le professeur Gérald Chéry fait une critique sur l’enseignement supérieur d’Haïti. Ce dernier ne remplit pas toutes les missions qui lui incombent. Cela est dû principalement à un problème de budget mais notamment à une question de gestion de la formation en Haïti. Les grands professeurs des grandes universités sont aussi des cadres supérieurs de l’Etat, réduisant ainsi la principale mission de l’université. Ces cadres sont à la fois juge et partie. Malheureusement, cette réalité bloque l’université dans son rôle de critique et de proposition de politiques gouvernementales non-exclusives.

Étudier à l’étranger n’est pas la solution

D’après le  statisticien Frédéric Gérald Chéry, nous sommes dans une logique où les spécialistes Haïtiens ne produisent pas assez de connaissances sur les questions propres à Haïti. Cette réalité réduit la création de connaissances en Haïti à une répétition de ce qui a été étudié et résolu dans d’autre pays (au niveau national il y’a un frein réel à la production de connaissances). De plus, il critique le fait qu’il n’y a pas dans la communauté universitaire surtout du côté des étudiants la culture de la consultation des rares connaissances produites par les spécialistes Haïtiens, qui pourtant existent (dans certains secteurs).  Pour être efficace, il faut appliquer des connaissances produites et qui s’adaptent à la réalité haïtienne.

Sur les causes de la mauvaise gestion de la connaissance

Nos connaissances ne sont pas faites pour appréhender les problèmes du pays. Les étrangers ne connaissent pas les habitudes du milieu et les solutions ne seront pas adaptées. Pourtant, nos savants et l’Etat croient que les connaissances étrangères sont plus aptes à aider le pays. L’Etat ne fait donc qu’accumuler les problèmes quand il priorise les propositions sans fondements des étrangers sur celles des nationaux. En ce sens, monsieur Chéry a cité les différents points suivants pour expliquer les causes de ces divers problèmes :

  • – Le problème colonial ;
  • – Le Problème de fond ;
  • – Le manque de confiance des Haïtiens sur la capacité productive des Haïtiens ;
  • – Le manque d’organisation de la sphère universitaire ;
  • – Le manque d’intérêt des gouvernements à la question de la recherche universitaire ;
  • – Le manque de production de connaissances et une tendance à la répétition des connaissances étrangères (l’expérience a montré que ce qui a marché pour un autre pays n’a pas forcément marché en Haïti).

Il est impératif pour l’étudiant haïtien de se former pour faire face aux réalités qui sont propres à son pays. Aussi, le professeur encourage vivement la recherche universitaire, une meilleure gestion de la connaissance, la culture de la consultation des connaissances produites par les spécialistes Haïtiens au sein de la communauté estudiantine pour une meilleure économie de la connaissance.

Article écrit par Polynice Richelor

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